L’espace de rédaction est réduit. Quelques pieds tout au plus. Pas la place d’en faire des tonnes. Juste quelques phrases, quelques mots, il faut que ça sonne !
Le métier d’auteur, de parolier demande de la dextérité. C’est un travail d’orfèvre.
Et justement, l’invité de cette troisième infolettre, en est un.
Chez lui, les mots sont pesés, posés pour certains grands noms : Hallyday, Gaëtan Roussel, Maurane, Alain Chamfort… Il est aussi, le créateur de la comédie musicale “le soldat rose”
Bienvenue dans le monde de Pierre-Dominique Burgaud. Un gars qui connaît la chanson…
Et membre du “peuple de l’écriture” !
(crédit photo : François Goetghebeur)
Quel est, en quelques mots, ton parcours ?
Alors, j'ai fait un bac puis une école de commerce. Ensuite, j'ai pris l’option publicité et marketing social. Et après ça, je suis devenu créatif en publicité. Et c’est là que j'ai commencé avec les mots. À écrire des accroches, des slogans. Sur des films, des publicités radios.
Et depuis 2006, j’ai arrêté la pub pour écrire des chansons. Je ne fais plus que ça désormais. C’est mon activité principale. Même s’il m’arrive, encore, d'aider quelques personnes pour des campagnes de communication.
Quelle a été la bascule, du monde de la publicité à l'envie d'écrire des chansons ? Est-ce que c'était déjà quelque chose que tu faisais dans ton monde d’avant ?
J'ai toujours écrit des poèmes. Plutôt des poèmes que des chansons. Parce que, comme je ne suis pas musicien, je trouvais ça bizarre d'écrire des chansons sans musique. Donc, j'écrivais des poèmes.
Et j'ai eu, une chance, je crois, assez dingue. Un jour, on m'a appelé en me disant : “il y a un réalisateur qui est en train de faire une comédie musicale. La date de tournage a été précipitée. Les chansons ne sont pas faites. L'auteur, qui était prévu, il a décliné, est-ce que ça t’intéresse ?”
J'ai rencontré le réalisateur, Claude Duty. C'est un film qui s'appelle : “filles perdues, Cheveux gras”. Qui a eu son petit succès. J’ai envoyé des textes et ça leur a plu. Ca c'est fait très rapidement et de façon extrêmement fluide.
Il y a un disque, ensuite, qui a été enregistré de ces chansons. L’éditrice qui travaillait, dans la maison de disques où est sorti l’album, m'a dit : “écoute, si ça t'intéresse, je cherche quelqu’un pour écrire des textes”.
Pendant deux ans, à peu près, cette éditrice, qui s'appelle Marie Novak, m'envoyait des chansons à faire pour des projets comme la Star Académie, par exemple.
Et puis un jour, elle m'a dit que Louis Chédid voulait écrire un conte musical pour les enfants. Et elle m’a demandé si je pouvais trouver une histoire ? Et donc, j'ai écrit celle du Soldat rose.
Au début, c'était vraiment un projet artisanal. On a fait ça, sans savoir vraiment où on allait. Et puis après, quand on a commencé à faire le casting, on a eu des chanteurs comme Matthieu Chedid, Alain Souchon, Cabrel… Et d'un seul coup, c'est devenu un truc énorme !
À partir de là, je me suis dit : “Bon bah tiens, je vais essayer d’en faire mon métier !”. Je me suis donc donné trois ans pour voir. Soit j'arrive à gagner ma vie avec les chansons, soit je retourne dans la publicité. Ca a marché, alors je continue (sourires).
Est-ce qu’il y a des points communs entre le métier de créatif dans la publicité et celui de parolier ?
Je pense qu’on retrouve des similitudes. Moi, j'étais rédacteur (avant l’arrivée d’Internet). Je devais concevoir et écrire des phrases, des mots, des slogans. C’était en fait, un peu comme le métier d’auteur, plutôt solitaire. Bien sûr, on travaillait en équipe, avec un directeur artistique qui chapeautait le tout… Mais c'était assez proche de ce que je fais aujourd'hui.
Car, si on y regarde de plus près, je bosse aussi, régulièrement, avec un directeur artistique qui est là, non pas pour faire une publicité, mais pour chapeauter l’album d’un ou une artiste. Mais d’un côté comme de l’autre, ce sont des métiers où tu es plutôt seul dans ta phase de création.
La petite différence que je vois, c’est peut-être le temps. Tu en avais sans doute moins comme publicitaire ?
Oui, dans la publicité, toute la complexité est dans la pression, soyons honnêtes. Mais la véritable pression, c’est la pression de la feuille blanche. C'est-à-dire qu’il faut que l’on trouve des choses pour la réunion qui est dans 2 jours. Des choses avant le point avec le client qui est dans 4 jours !
Et plus, j’étais dans une agence reconnue. Et donc, toute ce que tu dois trouver, ça doit être formidable. Parce que le client veut un truc formidable ! Mais, de mon côté, j'arrivais à bien gérer tout ça. Ce n’était pas une question d’être le plus fort ou le plus intelligent. C'était, je pense, une question physique. La pression, ne me faisait pas perdre mes moyens.
Aujourd’hui, c’est différent. Mais il y a quelque chose de fondamental dans le métier d’auteur. Et qui, quelque part, est une forme de pression. C'est qu'on n’est pas payé pour faire des chansons. On ne reçoit pas d'argent !
On ne peut pas nous dire : “oui, mais je t’ai payé, tu me dois quelque chose !” Quand on fait une chanson, on essaye juste de la faire ! Si on n’y arrive, tant mieux. Si on n’y arrive pas, tant pis ! Je ne suis pas payé pour faire un texte.
Mais bon, à un moment, il faut quand même en faire, sinon on ne rentre pas d’argent.
Pour être clair et pour ceux qui ne savent pas comment ça fonctionne. On est payé une fois que la chanson passe à la radio. C'est ce que l’on appelle les droits d'auteur. Quand l'artiste vendra un disque, on touchera un peu sur le disque. Quand il chantera la chanson en concert, ou touchera un peu sur la recette du concert.
Donc, il n’y a aucune autre pression que celle que tu te mets. Mais, il faut quand même qu’à un moment, tu arrives à faire une chanson. Parce que sinon, si tu ne fais pas de chanson, tu ne vas pas gagner ta vie.
Pour être franc, nous nous sommes rencontrés, il y a quelques années. A l’époque, tu me disais que tu avais un rythme de travail bien défini. Début 8 h du mat… C’est toujours le cas ?
J'ai un peu évolué. A l’époque, je ne pouvais pas me débarrasser de 12 ans de vie de bureau d'un seul coup. J’avais gardé des automatismes de travailler à des horaires précis. Maintenant, cela a un peu changé.
En fait, paradoxalement, je passe beaucoup de temps à essayer de me débarrasser de la publicité. Le problème avec la pub, je trouve, c’est que c'est un métier de faiseur. On prend des choses, de l'art contemporain, par exemple. Que l’on digère et que l’on met dans la société de consommation. On fabrique des choses.
Comme j’ai commencé par fabriquer des chansons, je dois dire. Aujourd’hui, je trouve que c’est un peu le danger de fabriquer des chansons. Au fond, c’est assez simple. Maintenant, j'aimerais bien avoir des chansons un peu plus inspirées. Et un peu moins fabriquées.
Parce que fabriquer des chansons, c'est finalement, un savoir-faire qui vient assez rapidement. La plupart des chansons que j'entends, sont des chansons fabriquées. Je vois tous les fils. Et beaucoup de mes chansons, aussi, soyons honnêtes.
J'essaye de me débarrasser de ça. De me dire : “Tiens, je me mets à mon bureau et je vais faire une chanson !” Ce que je peux faire !
Désormais, je me mets toujours à mon bureau, pour répondre à ta question. Par contre, si les choses ne viennent pas. Si je sens que je commence à tirer sur des fils que je connais, j'arrête. C’est Michel Berger qui disait “quand je commence une chanson, je vais jusqu’au bout”. C’est ce que j’ai fait pendant plusieurs années.
Désormais, sans doute au contact d'Alain Chamfort, avec qui je travaille beaucoup et que je vois fonctionnner. Et qui lui, justement, ne fabrique pas. Il laisse les choses monter. Donc j'essaie de faire ça aussi. Ce qui n'empêche pas que je m’installe à mon bureau tous les jours. J'essaye. Et quand je vois que ça ne vient pas, je n’insiste pas.
À l'arrivée, ça fait que je dois travailler, en moyenne, 4 heures par jour. Ça peut être 3 fois plus et ça peut être 4 heures de moins (rires). En moyenne, c’est 2 heures le matin et 2 heures l'après-midi.
Si ça vient je continue, si ça ne vient pas, je fais autre chose. Mais qui, pour moi, reste encore du travail. Je lis, je vais à des expos. J'essaie de voir des choses qui me donnent envie et qui pourront, peut-être, donner des chansons.
L’environnement, peut-il être inspirant ? Je veux dire par-là, peux-tu être inspiré si tu écris dans un bar, dans un restaurant ? Où faut-il absolument que tu sois dans ta pièce, devant ton ordi pour écrire ?
Ça dépend un peu de ce que je cherche. Moi, j'ai besoin d'être concentré. Donc, quand je déroule une chanson, il faut que je sois dans une bulle. La bulle, peut être chez moi. Ça peut être dans un train. Parce que le train, pour moi, c’est une bulle.
En revanche, il m'arrive d'aller dans des bars pour chercher des titres. Des associations de mots, des rimes. Mais sans aller plus loin. Par contre, je ne peux pas faire plus. Car c’est un environnement où je ne peux pas me concentrer.
Et pour aller plus loin. Dans ma phase de création, j’ai besoin d’être tout seul. Je n’arrive pas à le faire avec le compositeur en face, par exemple. Même si le compositeur est chez moi. Je vais dans la pièce d'à côté. Je tape des choses et après, j'en parle avec lui. Mais je ne peux pas être face de lui et lui lancer des phrases !
Tu poses tes mots avec de la musique ou sans musique du compositeur ?
Un peu des deux. Ça dépend des collaborations. Mais je trouve que c’est plus facile sans. Avec la musique, on est contraint par la structure, le nombre de pieds. À la fin, on est content, parce qu’on a mis des mots sur les notes. Mais on se rend compte que ce n’est pas terrible !
Je pense que c’est pareil pour le compositeur. C'est plus simple, pour lui de ne pas avoir de textes. Mais il n’y a pas de règles. C’est quelque chose de très personnel, en fait.
Est-ce que tu travailles sur plusieurs chansons en même temps ?
Oui ! C'est-à-dire que j'ai plein de chansons, en cours que je n'arrive pas à terminer, pour faire le lien avec ce que l’on disait plus haut. Et puis un jour, je trouve une façon de développer une chanson que j'avais commencé. Alors, j'y retourne.
Contrairement à il y a 10 ans, je prenais une chanson, je la finissais. Là j’ai plein de chansons en cours. Certaines que je n’arrive pas du tout à finir. Ça traîne pendant 6 mois et d'un seul coup en une heure, tu la termines.
Quand on te commande des textes pour des artistes, est-ce que tu as des petits tiroirs à chansons qui traînent. Des textes pas choisis par certains, mais qui pourraient correspondre à un autre ?
Je ne fais plus ça en fait ! Déjà, je ne réponds plus beaucoup aux demandes. Je ne travaille plus pour les gens, pour qui je n’ai plus envie de collaborer. Alors que je l’ai beaucoup fait.
Tu vois, je suis arrivé un peu tard dans la chanson. Donc j'ai mis un peu de temps pour comprendre, que la plupart du temps, ta chanson, elle finit au niveau de l'interprète. Ça veut dire que, au début, tu te dis, peu importe qui me demande une chanson, je vais faire un truc formidable.
Et bien mon histoire (mon expérience peut-être) me montre que finalement, quel que soit le texte que tu fais et souvent, mon texte n'est pas formidable non plus, soyons honnête. Quand on rajoute la chanson que voulait l’interprète et que l’on rajoute l'interprétation. Quelqu’un qui faisait quelque chose qui ne te touchais pas, ne finit pas par faire quelque chose qui te touche, avec ta chanson.
Donc, désormais, quand ce sont des interprètes qui ne me touchent pas trop, je ne le fait pas.
J’avoue que c’est dur, parce que j’en ai plein les tiroirs. Mais je ne les ouvre que pour des artistes que j’aime bien (rires).
Pour revenir sur le mot “commande”, ça marche pas forcément comme ça. Car on ne te demande jamais un thème. Tu vois ? On ne te demande jamais d’écrire une chanson sur le divorce ou sur la mort. On ne demande jamais ça !
On me dit : “est-ce que tu peux faire une chanson pour moi ? ” Et là, je reste dans mes problématiques à moi, c’est-à-dire, sur ce que je sais écrire. Et je me dis toujours, tiens, cette personne qui me demande une chanson. Si j'allumais la radio, qu'est ce que j'aimerais bien entendre de lui. Pour moi, ça ne fait pas très “commande”. Parce que pour moi, ça reste une liberté totale de faire une chanson.
La liberté de la trouver, de ne pas la trouver, comme je le disais tout à l'heure. Je ne ressens plus le côté : “bon, allez, il faut que tu boucles cette chanson pour tel ou tel artiste.” Non, je ne ressens jamais ça.
Alors après, peut-être que tout ce que je dis n'est pas viable. Tu vois ? (rires). Puisque j'ai commencé par répondre à beaucoup de demandes. Et puis maintenant, je ne le fais plus. Est-ce que finalement, on ne peut travailler que pour les gens qu'on aime bien ?
En sachant que les gens que tu aimes bien, il y en a pas des tonnes non plus. Donc je verrai, rendez-vous dans deux ou trois ans, pour voir si je peux encore travailler comme cela (rires).
Ton écriture, tu l'as vu évoluer ? Si tu regardes un petit peu en arrière…
Oui, oui. Déjà, il y a une chose, c’est que, quand tu commences à écrire, à faire des chansons, il y a le poids de toutes les chansons qui ont été écrites avant. Celles de Gainsbourg, de Souchon. Et finalement, t’essaye de les refaire ces chansons. Et tu fais du faux Gainsbourg, du sous Souchon.
J'ai mis un peu de temps à me débarrasser de ses réflexes. Voilà, après, je vois ce qui m'influence. Je suis très épaté par l'écriture, par le travail d'auteur de Benjamin Biolay. Car je ne vois pas les fils justement. Je trouve qu'il enchaîne des phrases un peu bateau, avec des phrases d'un seul coup qui te coupe les deux jambes. Et tu te demandes où il a été cherché cela.
Je ne sais pas comment il travaille. Si il prend des substances (rires). Car j'ai l'impression que c'est un truc qui défie le rationnel. Et moi, je suis très sensible à ça. J'aime beaucoup la brutalité de Miossec aussi. Cette façon qu'il a parfois d'épuiser une rime. De partir sur une rime en “ass” tout du long.
Parfois, ça fait dictionnaire de rimes, mais je trouve qu'il y a quelque chose qui monte. C'est tout ça que j’ai dans mon shaker. Je pense que j'ai tout ça. J'ai cette façon d'écrire de Biolay. Cette façon un peu rap qu’il a parfois d’écrire. Et j’ai, ces rimes un peu dures, qu’on peut trouver chez Miossec. J'aime bien Dominique A aussi.
Aujourd'hui, puisque tu me poses la question. J’essaye de moins écrire. Et moins écrire demande plus de boulot. J’essaye d’être moins dans le joli et d'être un peu plus dans quelque chose de charnel.
J’essaye que ce soit moins décoratif. Après, tout ça, c'est mon idéal dans ma tête (sourire). C'est-à-dire que, tu peux prendre tout ce que je dis. Tu peux prendre toutes mes chansons et te dire que c'est tout l'inverse de ce que je suis en train de te raconter.
Mais dans l'idéal, j'essaie de faire ça. Mais, je n'y arrive pas toujours. Quand j'y arrive, je suis content. Mais en tout cas, c'est ça que je recherche aujourd'hui. Une écriture un peu plus nue, un peu moins convenue.
Est-ce que tu arrives, quand tu écoutes une chanson, à te dégager de ta pensée critique envers les paroles (vu que c’est quand même ton métier) ?
Moi, je suis un peu monomaniaque, psychorigide sur ça (rires). C’est-à-dire que je suis trop là-dedans. Je le regrette, mais maintenant, je dissèque quand j’écoute un truc. Je n'arrive pas à passer au-delà de ça.
En fait, je trouve beaucoup de choses très, très attendues, très faciles. Et alors, on va me dire : “et bien, tu n’as qu’à le faire si c’est facile !”. Et c'est difficile de dire : “mais bien sûr que je pourrais le faire !”. Après, je ne le fais pas, parce que ça ne m'intéresse pas.
Mais toi qui es dans l’écriture désormais. Si, demain, on te demande d’écrire une chanson sur le thème de la “rumeur" par exemple. À la fin de la journée, tu l’auras ta chanson !
Elle sera bonne ou pas bonne, mais tu l’auras. Et j'ai cette impression-là dans beaucoup de chansons que j'entends à la radio. Y compris de gens importants.
Je ne te demanderais pas de nom ! Sans transition, quelle est la dernière chanson qui t'a émue ? Bouleversée. S'il y en a une.
Moi, j'avais été très touché par une chanson de Delerm qui s'appelait “Hacienda”. Ce n’est pas la dernière qui m’a émue, car il y en a eu d’autres depuis, mais c’est celle qui me vient en tête. J'adore aussi “ton héritage” de Biolay.
Et plus récemment, Souchon, sur son dernier album. Je suis très touché par la chanson “âme fifties” et encore plus par “un terrain en pente” . Ça reste du Souchon et en même temps, c’est intelligent. Ses chansons, elles me touchent beaucoup.
Et encore plus récents : j’ai aimé “tu ne savais pas” de Gaëtan Roussel, et “Ici Londres” d’Axel Bauer (texte de Boris Bergman).
Je crois que nous avons les mêmes goûts ! Le texte de Bergman sur “ici Londres” est d’une justesse. Sans tomber dans le pathos des jeux de mots. Du grand art !
Allez, on se projette. Comment tu envisages les prochaines années ? Est-ce que tu auras des envies, d'autres choses ? L'écriture de scénarios de films, de pièces de théâtre… Toucher une autre forme d’écriture ?
Moi, j'adore ce que je fais. Mais, ce que j'aimerais, c'est progresser. J'aimerais être plus fort. Mon unique frustration, c'est une frustration de talent. Je n'ai pas de frustration de faire un autre métier, mais vraiment aucune. D'une part, parce que je ne saurais pas le faire.
Je ne saurais pas écrire un livre. Je ne sais pas si c’est à cause de la publicité qui est un métier ou, de fait, on réalise des choses courtes (comme la chanson). Mais moi, je ne sais pas faire des choses longues.
Je ne le saurais pas. Je n'ai pas de style pour écrire un livre. Je ne saurais pas écrire un film, parce que je ne sais pas faire des intrigues, des sous-intrigues. Je ne saurais pas écrire une pièce de théâtre, non plus. Donc je n'ai pas envie d'aller vers des choses que je ne maîtrise pas.
Je ne dis pas que je sais écrire des chansons. Par contre, j'ai l'impression, que parfois, je peux écrire une bonne chanson. Et ça, c’est déjà énorme pour moi. Je suis super content. Aujourd'hui, il y en a cinq que j'aime et dont je suis fier. C'est déjà formidable ! Si je peux en faire cinq autres dans les prochaines années, je serai super content. (rires).
Après, est-ce que les choses vont continuer ? J'en sais rien ! Parce que, finalement, je ne travaille pas beaucoup, pour des artistes jeunes. Pour qui je vais travailler dans plusieurs années ? C’est une bonne question !
Il y a de moins en moins d'interprètes. Puisque maintenant, émerge de plus en plus d'auteurs-compositeurs interprètes. Pour plein de raisons. Certaines des bonnes, d’autres des mauvaises. Parce que, comme il y a moins d'argent, les gens préfèrent prendre les trois responsabilités.
Je peux être anxieux pour certaines choses, comme une fuite de plomberie, mais je ne suis pas anxieux pour la suite de mon métier. En tout cas, je voudrais continuer à faire ça. Je n’ai pas envie de faire autre chose.
De toute façon, quoi qu’il arrive, je vais continuer à écrire des textes dans mon coin. Je n'ai pas la timidité d'envoyer des choses à des interprètes, à des compositeurs. Qu’ils me répondent, qu’ils ne me répondent pas, je ne trouve pas ça scandaleux. Mais je continuerai à envoyer des chansons. Et puis si jamais ça ne marche pas, je lirai des livres dans un coin (rires).
Est-ce qu'il y a un artiste ou une artiste avec qui tu n'as pas encore collaboré et avec qui tu aimerais, fortement travailler ?
J'ai toujours beaucoup aimé Julien Clerc. À qui j'ai déjà envoyé des choses, mais qui ne m'a pas répondu. Il a d'ailleurs plein d'auteurs qui travaillent pour lui et qui sont très bien. Donc je ne trouve pas ça scandaleux qu’il ne m’est pas fait de retours. J'aime bien Vanessa Paradis. J'aime bien Camélia Jordana, Gaëtan Roussel.
Juste une petite question sur l'inspiration. Tu lis beaucoup ? Est-ce que justement, la lecture peut t'aider ? En tout cas, peut-elle être, source d'inspiration pour ton écriture ?
L'inspiration, ça vient de plein de choses. Ça peut venir de l'interprète qui te demande une chanson. Alain Chamfort, il me donne envie d'écrire des choses. Ça peut venir d'une rime, d'un mot, d'une association de mots et qui, d'un seul coup, ça fait comme un appel d'air vers une chanson.
Et la lecture. Oui, évidemment. Ça me nourrit, moi et les chansons que j’essaye de faire. Ca te met dans un niveau d’écriture qui te porte quand même.
Je suis assez friand de livres à style plutôt que de livres à l'histoire. En ce moment, je plonge à fond dans Duras. Et je pense que, quand tu es plongé dans un livre, tu es porté par quelque chose. Et quand tu poses le livre, tu as envie d'écrire la phrase d'après. Celle qui peut t'amener vers une chanson. Ou bien carrément prendre un mot que je trouve dans un livre.
Allez pour terminer, petite question rituelle de fin d’interview. Si tu devais mettre un mot, une phrase, dans une bouteille que nous jetterions à la mer par la suite ?
« Tout le malheur des hommes vient de l’espérance ». Albert Camus.
Un grand merci à Pierre-Dominique Burgaud pour cet échange. Et je me dis que le métier de rédacteur web et d’auteur, ne sont pas si éloigné que cela.
Il nous faut, nous aussi, dans nos textes, peu importe lequel, trouver la musicalité, le ryhtme.
Vous pouvez aussi me laisser un commentaire.
Et pourquoi pas, à me glisser quelques noms d’invité.
Je vous embrasse fort !
Sébastien Beaujault
(Membre du peuple de l’écriture)
Et voilà donc la grande communauté, oui des auteurs, la troupe des mélancholiques, h inspirant....